- éventé
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• h. XIIIe; de éventer1 ♦ Exposé au vent. ⇒ venté, venteux. Une rue, une terrasse très éventée (opposé à abrité) .2 ♦ (1596) Altéré, corrompu par l'air; qui a perdu son parfum, son goût. Parfum, vin éventé.3 ♦ Découvert, connu. Le secret est éventé. C'est un truc éventé, personne ne s'y laissera prendre. ⇒ usé.4 ♦ (1571) Vx ⇒ écervelé, étourdi, évaporé. Subst. « Je la ferai rougir, cette jeune éventée » (P. Corneille).⇒ÉVENTÉ, ÉE, part. passé, adj. et subst.I.— Part. passé de éventer.II.— AdjectifA.— Exposé au vent, balayé par le vent. (Quasi-)synon. venté. Pour avoir si bien réussi sur cette terrasse éventée, ces arbres délicats semblaient favorisés d'une protection spéciale du ciel (BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 160). Ils se rapprochèrent de la mer. Sur un promontoire de rochers éventés et brûlants (CHARDONNE, Épithal., 1921, p. 117). Il faisait un admirable début de jour, transparent, criblé de rayons, frais encore, éventé (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 81).— P. anal. [En parlant d'une pers.] Ses joues rougissent, mais son petit nez éventé vous a un air fripon (FRANCE, Bonnard, 1881, p. 333).B.— Altéré, dégradé par l'exposition à l'air. Vin éventé. Les porphyres quartzifères et les trachytes sont, pour ainsi dire, des granites éventés (ÉLIE DE BEAUMONT, B. Sté géol. Fr., t. 4, 1847, p. 52). Une peau de la couleur du carry éventé (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 33) :• La poussière de riz blafarde son cou maigre,Et ses cheveux, tordus dans un chignon épais,À l'âcre odeur du roux mélangent l'odeur aigreDes parfums éventés qu'on achète au rabais.MURGER, Nuits hiver, 1861, p. 165.C.— Au fig. Qui n'est plus secret. C'est un artifice éventé, un piège apparent où la sottise elle-même ne se laissera pas longtemps prendre (A. DE BROGLIE, Diplom. et dr. nouv., 1868, p. 203).III.— Subst., vieilli. Personne frivole, écervelée. Alors il faut me taire comme un éventé qui recule devant ses propres discours (HUGO, Lettres fiancée, 1822, p. 96). Et quelque beau matin, en ce coin pacifique, Sous les traits affadis du premier éventé, Monseigneur Cocuage entre avec majesté (BARBIER, Satires, 1865, p. 139).Fréq. abs. littér. :110.
Encyclopédie Universelle. 2012.